Fragment de femme

Dès l’enfance, en compagnie de sa grand-mère et de son arrière-grand-mère, Ani aimait recycler des

retailles de vieux tissus et apprendre à coudre, mais, surtout, elle adorait la peinture et la liberté des messages qu’elle pouvait exprimer.

La série Fragments de femmes s’inspire des histoires vécues de notre société.

En utilisant de vieux vêtements usés, en guise de fond de toile, Ani Müller souhaite évoquer et raconter les histoires de ces femmes. Les vêtements féminins ont tous une histoire et une signification. Les changements du corps d’une fillette jusqu’à celui de femme, en passant par la puberté et l’adolescence, s’accompagnent des mouvances de la mode, provoquent des métamorphoses continuelles. Les types de vêtements, les couleurs et les tailles choisies, la façon de les porter modifient à la fois l’apparence tout comme l’image voulue et projetée. Nous pouvons ainsi imaginer le vécu de ces vêtements et le pourquoi de ces femmes qui n’en veulent plus.

La société impose des critères de beauté, une certaine image de la femme parfaite et performante.

Les œuvres d’Ani Müller dénoncent ces images péjoratives de la femme.

En dévoilant aux spectateurs des vêtements souvent cachés et intimes, des sous-vêtements féminins,

l’artiste révèle un aspect secret qui lie ces morceaux de linge à ces femmes. À travers ses toiles, Ani

Müller dévoile et dénonce son propre vécu et celui de ces femmes.

Ces vieux vêtements ont une seconde vie et sont intégrés dans un monde imparfait inventé par l’artiste.

Elle raconte des secrets, au fil du temps, comment la femme se sent et comment elle se perçoit vis-à-vis des autres. En révélant des sous-vêtements usés, elle illustre des moments de honte ou d’imperfection. Dans une société où le vieillissement a rarement sa place, la femme doit rester jeune ou avoir l’air plus vieille dès son enfance. Elle dénonce ces messages contradictoires de la société où l’artiste fragmente et morcelle les visages décalés de femmes.